Rétention d’eau et génétique : un héritage inscrit dans nos gènes ?
Rétention d’eau et génétique : un héritage inscrit dans nos gènes ?
La rétention d’eau, souvent visible par des jambes lourdes, un ventre gonflé ou un visage bouffi, n’est pas uniquement causée par l’alimentation ou un mode de vie sédentaire. Des prédispositions génétiques jouent un rôle majeur dans la manière dont certains organismes retiennent l’eau et le sel.
Et si, pour une partie de la population, cette sensibilité remontait à l’époque de la traite transatlantique des esclaves ? C’est ce que propose l'hypothèse de l’hypertension liée à l’esclavage, une piste aussi fascinante que controversée.
Comment fonctionne la rétention d’eau ?
La rétention d’eau correspond à une accumulation de liquides dans les tissus interstitiels, souvent due à un déséquilibre entre sodium et potassium, une mauvaise circulation, un dérèglement hormonal ou une réponse rénale altérée.
Des facteurs génétiques influencent fortement cette tendance, notamment via le système rénine–angiotensine–aldostérone (RAA), qui régule la pression artérielle et l’équilibre hydrosodé.
Génétique et rétention : des gènes clés identifiés
Plusieurs polymorphismes génétiques sont impliqués dans la rétention hydrique et la sensibilité au sel :
ACE (Angiotensin-Converting Enzyme) : certains variants sont associés à une activation excessive du système RAA.
▶︎ Étude — ACE polymorphism and cardiovascular diseaseAGT (Angiotensinogen) et ADD1 (α-Adducine) : leur expression modifie l’absorption rénale du sodium.
▶︎ Étude — Genomics of salt-sensitive hypertensionSCNN1A (canal sodique épithélial alpha) : certains variants, plus fréquents chez les populations d'origine africaine, favorisent une réabsorption accrue de sodium et donc une rétention d’eau accrue.
▶︎ Étude — Salt-sensitive hypertension in Blacks
L'hypothèse de l'esclavage : un héritage de sélection naturelle ?
L'hypothèse de l’hypertension liée à l’esclavage (Slavery Hypertension Hypothesis, SHH) a été avancée dans les années 1990 pour expliquer la prévalence élevée d’hypertension et de sensibilité au sel chez les personnes d’origine afrodescendante.
📜 Le postulat : lors de la traite négrière, les individus transportés dans des conditions extrêmes (déshydratation, stress intense, carences nutritionnelles) auraient survécu grâce à une meilleure capacité à retenir le sodium et l’eau. Ce trait aurait été sélectionné génétiquement au fil des générations.
▶︎ Étude fondatrice — Wilson & Grim, Ethnicity & Disease, 1991
▶︎ Revue critique — Slavery Hypothesis Revisited, 2007
Aujourd’hui, cette hypothèse est débattue, mais elle ouvre des pistes de réflexion sur le lien entre sélection génétique, adaptation environnementale et santé métabolique moderne.
Qui est concerné par cette sensibilité génétique ?
Les recherches montrent que :
Les personnes d’origine africaine excrètent moins de sodium dans l’urine, ce qui augmente la rétention d’eau et la pression artérielle.
▶︎ Source — Salt sensitivity in African AmericansCette sensibilité est exacerbée par un environnement moderne hyper salé, sédentaire et stressant.
Mais la rétention d’eau touche aussi d’autres groupes :
Femmes avec SOPK ou troubles hormonaux
Personnes sous traitement corticoïde ou souffrant d’insuffisance veineuse/lymphatique
Polymorphismes génétiques hors SHH, affectant la fonction rénale ou vasculaire
Que faire naturellement contre la rétention d’eau ?
Limiter le sel caché : pain, fromages, charcuteries, plats préparés
Augmenter le potassium : légumes verts, banane, eau de coco
Bouger : marche, rebounding, drainage lymphatique
Phytothérapie ciblée
Réduire le stress chronique : adaptogènes (ashwagandha, rhodiole), respiration
En résumé
La rétention d’eau est multifactorielle, mais chez certains individus, elle est génétiquement programmée.
Comprendre ce terrain, c’est adapter son hygiène de vie, sa nutrition et ses soins de manière personnalisée, en tenant compte de son héritage génétique et épigénétique.